Aimy était arrivée en bus. Pas très original, le bus. Mais c’est tout ce qu’elle avait comme moyen de transport. Elle transportait derrière elle sa grosse valise noire et sur son dos un gros sac à dos. Elle marchait maintenant sur un petit chemin qui devait être terreux mais la neige l’avait couvert d’une fine couche blanche. La jeune femme aimait entendre ses bottes crisser sur la neige. Elle avait troqué ses vêtements de ville habituels contre ses bonnes vieilles affaires d’équitation : un pantalon d’équitation noir, un haut dans les tons violets moulant et élégant (une touche d’élégance est toujours importante lorsque l’on vient d’une famille aisée. Son père détesterait la voir dans cet état...) et ses bottes d’équitation qu’elle avait entretenue la veille. Sa doudoune beige était fermée jusqu’au cou et elle aurait aimé y plonger encore plus car le froid de l’hiver la faisait frissonner. Bien que protégés dans ses gants, ses doigts avaient du mal à se mouvoir à leur aise et tenir la valise la faisait souffrir. Aimy accéléra donc le pas, regard levé vers l’avant. Vers l’horizon, vers l’avenir. Vers sa nouvelle vie. Abandonner son père et sa petite sœur Fleur ne la réjouissait pas et cela lui brisait même le cœur mais il fallait bien qu’un jour, elle vole de ses propres ailes. Certes, elle était encore jeune mais plus elle se connaissait bien : plus elle retarderait le moment de quitter la famille, moins elle y arriverait ! Et puis, Magic allait tout de même la rejoindre ici. Il devait arriver dans la journée par transporteur, ainsi que toutes ses affaires d’équitation. Elle avait hâte de retrouver son étalon et sa tête de cochon. Ce magnifique gris, si attachant, si corniot aussi ! Aimy sourit à la pensée de son cheval. Il lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres celui-là hein... Mais bon, ici, elle venait pour travailler dans le ranch. Palefrenière à Heartland. Elle n’aurait pas pu espérer mieux. Heartland l’avait toujours attiré et l’avait toujours émerveillé. Leur art et la façon de redonner une chance à ces chevaux lui avait donné la force de quitter la famille. Aimy avait toujours prôné les valeurs du respect et de l’écoute du cheval et c’était là tout le contraire de son père et de son frère pour qui seuls les résultats en concours importaient. Le cheval était bon ou ne l’était pas. Dans ce dernier cas, il ne restait qu’à le vendre à pas cher.
La jeune femme aperçut enfin l’arche de bois. Heartland. Elle pressa un peu plus le pas, un sourire s’affichant sur son visage heureux. Elle entra dans le domaine et finit par s’arrêter pour admirer un peu autour d’elle. Des prés. Première chose qu’elle remarqua. A perte de vue, légèrement enneigé. Comme c’était beau ! Elle se remit doucement en marche, ne sachant pas vraiment vers où se diriger. Elle remarqua alors un véhicule rouge stationné. Un jeune homme en sortit. Elle se précipita vers lui, désireuse de trouver son chemin et de savoir à qui s’adresser. Elle s’approcha doucement et souriante lui adressa la parole.
« Bonjour, je suis Aimy Levinston. Je viens d’arriver à Heartland et je ne sais pas trop où me présenter. Vous pourriez m’indiquer où je dois me rendre ? »
Aimy remarqua alors le van qui devait sûrement contenir un cheval vu le bruit qu’il faisait. La voiture était aussi remplie de valises. Elle se sentit un peu idiote.
« Peut-être venez-vous aussi d’arriver ? »