Kareen, après avoir finit son travail de palefrenier, trouva une heure entre la fin de son travail et le repas du midi pour aller monter Hélios. En tenue de cheval, elle sortit de la réserve où elle venait de ranger la brouette, s'approcha du box d'Hélios, entra et appela son cheval, occupé à grignoter sa ration de foin. Dès qu'il entendit la voix de sa propriétaire, il se retourna, pointa ses oreilles en avants, émit un petit hennissement, et planta ses yeux noirs et doux dans les siens. Kareen caressa alors le chanfrein de l'étalon, lui mit son licol, et l'attacha à l'anneau de son box. Elle lui passa alors méticuleusement un coup de brosse, d'étrille, elle cura et graissa les sabots noirs, et peigna la longue queue et la crinière blanches et frisées. Tout en le brossant, elle lui dit affectueusement :
- Aujourd'hui, tu vas affronter ta plus grande peur : l'extérieur ! Une jolie petite ballade avec toi dans la foret et au bord de la rivière...
Elle partit ensuite dans la sellerie, fit deux allers-retours et harnacha son cheval : tapis, selle, filet, bandes de repos, mit sa bombe et sortit son étalon espagnol de l'écurie, dans la cour. Elle se hissa sur le dos du cheval quasi-blanc, et emprunta le chemin menant à Clairdale Forest.
A peine les barrières du haras passées, l'étalon commença à ronfler, bruyamment et nerveusement, les oreilles s'agitant dans tous les sens. Kareen essaya de calmer sa monture à force de caresses et de paroles douces, sentant sous la selle une masse de muscles tendus et nerveux. Une fois le chemin balisé passé, ils entrèrent dans une magnifique foret verdoyante, et le doux ramage des oiseaux rendait ce lieu enchanteur. Au loin, l'on entendait la mélodie du clapotis d'une rivière, ainsi que son courant et l'eau frappant contre les roches. L'étalon n'était que plus nerveux de toute cette agitation, et commençait à trottiner sur place en ronflant un peu plus fort, signe de nervosité et de mécontentement chez lui. Mais l'adolescente le tenait fermement lui adressant des paroles calmes et réconfortantes, le caressant à maintes reprises. Au fil des minutes, il commença à se calmer, rendant sa respiration plus régulière, son pas plus calme, ses muscles plus détendus. A présent, il ne ronflait plus, et tournait la tête de droite à gauche, essayant de découvrir un maximum de choses. Devant ce brusque changement d'attitude, Kareen se mit à rire, et lui dit :
- Bah mon ange, si ton continue ainsi, tu vas te faire un torticolis !
A la voix de sa cavalière, l'espagnol pointa ses oreilles vers l'adolescente, et poussa un soupir, ce qui fit rire de nouveau Kareen. Sentant son étalon assez calme, elle partit au petit trot à travers la forêt. L'étalon semblait apprécier la ballade, prenant plaisir à se mouvoir en pleine nature. Ils débouchèrent ensuite dans une grande clairière, où s'écoulait le ruisseau. Elle repassa le bel espagnol au pas, et l'approcha tout doucement du cours d'eau. Immédiatement, l'étalon ronfla, mais Kareen le calma en quelques minutes. L'adolescente fit avancer son étalon jusqu'à ce qu'il ai les pieds dans l'eau, et celui ci, voyant que ce n'était que de l'eau, porta ses lèvres au liquide cristallin, et en bu quelques gorgées. Elle sortit son étalon de l'eau, reprit le trot, et emprunta la boucle menant au haras. Tout ce serait bien terminé si une moto n'était pas passée sous le nez de l'espagnol. En effet, pour regagner le haras, les cavaliers doivent emprunter une route certes peu fréquentée, mais sans aucune limitation de vitesse. Kareen emmena son cheval au bord de la route, et commença à traverser. C'est alors qu'une moto passa à toute vitesse, vombrissant et faisant peur à l'étalon qui se cabra de toute sa hauteur, traversa la route au galop, comme une flèche blanche, et ne s'arrêta que lorsqu'il fut loin de la bande grise et blanche. Kareen le caressa, lui parlant encore et encore, et le ramena à la route. Elle fit traverser son étalon deux fois, le rassurant et le caressant à chaque fois, le félicitant. Enfin, quand il fut calme, Kareen rentra au haras, descendit, dessangla, le rattacha à l'anneau du box, le brossa, et lui flatta l'encolure, heureuse qu'il ait fait tant d'efforts en une seule ballade.